diff --git a/evenements/2024-08-07-fr b/evenements/2024-08-07-fr new file mode 100644 index 0000000..923cd4a --- /dev/null +++ b/evenements/2024-08-07-fr @@ -0,0 +1,164 @@ +--- +title: "L’Ouvroir at DH2024" +subtitle: '' +dateStart: 2024-08-07 +dateEnd: 2024-08-07 +timeStart: 04:00pm +timeEnd: 05:0pm +place: Washigton, Etats-Unis +link: https://dh2024.adho.org/program/ +description: "L'Ouvroir présente le projet Display à DH2024" +participants: [Emmanuel Château-Dutier, David Valentine] +draft: false +--- + +Documenter les accrochages d’exposition ou de collection muséales : une approche ontologique + +- Emmanuel Château-Dutier, professeur agrégé en muséologie numérique à +l’Université de Montréal +- Lena Krause, responsable de L’Ouvroir d’histoire de l’art et de muséologie +numérique +- Zoë Renaudie, doctorante en histoire de l’art à l’Université de Montréal +- David Valentine, doctorante en bibliothéconomie et sciences de l’information à +l’Université de Montréal + +La recherche historique sur les expositions suppose la mobilisation et l’exploitation d’une large documentation archivistique pour renseigner l’histoire des accrochages des collections dans les musées d’art. Si la reconstitution d’accrochages historiques se heurte à +plusieurs difficultés pratiques et méthodologiques qui tiennent notamment à la partialité de la documentation conservée et à la nécessité de composer avec des sources d’information +hétérogènes (vues d’exposition, liste de prêts, plans des salles d’exposition, projets expographiques ou scénographiques), nous pensons que le processus pourrait fortement +bénéficier d’une approche numérique qui tirerait parti de la modélisation en trois dimensions. +Depuis les années 90, les institutions culturelles ont développé plusieurs modèles documentaires pour rendre compte de l’information muséale. Le modèle conceptuel de +référence développé par le groupe de documentation de l’ICOM, le CIDOC, propose par exemple une ontologie générique orientée événement qui permet de décrire la vie des +objets culturels. Des travaux ont également récemment été menés au sujet de la provenance et plus récemment sur la documentation des expositions. Mais il n’existe jusqu’à présent pas de modèle spécialisé pour la documentation des accrochages d’exposition ou de collection. +Dans le cadre du partenariat Des nouveaux usages des collections dans les musées d’art (CIÉCO https://www.cieco.co) qui associe une équipe universitaire d’une vingtaine de +chercheurs et six musées d’art canadiens et de son laboratoire L’Ouvroir d’histoire de l’art et de muséologie numériques (https://ouvoir.umontreal.ca), nous travaillons à la conception +d’une ontologie qui repose sur une approche spatiale destinée à renseigner des informations à partir de sources disparates parfois lacunaires ou encore complémentaires. +Un tel modèle de documentation des accrochages fait actuellement largement défaut dans la communauté muséale. Le développement d’une ontologie informatique en OWL, indépendante de toute technologie de visualisation a priori, présente l’avantage de garantir +la pérennité et la conservation à long terme des données enregistrées et de ménager toutes sortes de réutilisations dans différents contextes numériques. C’est pourquoi nous +essayons de mettre au point des processus de visualisation qui pourraient représenter un double avantage : d’une part, de garantir la pérennité et la conservation d’un patrimoine +documentaire sur les expositions et, d’autre part, d’utiliser cette documentation sous exploitée par les musées dans différents contextes numériques. + +La 3D au service de la reconstitution +La connaissance historique des accrochages de collections peut bénéficier de visualisation sous la forme de modélisations 3D. Depuis quelques années, plusieurs musées proposent +des visites en réalité virtuelle ou augmentée de leurs expositions (MOCA, MoMAr, etc.). Le Städel Museum présente, par exemple, une reconstitution 3D de l’accrochage d’une de ses +salles historiques (http://zeitreise.staedelmuseum.de/vr-app/). Si l’intérêt de ces approches se justifie bien dans une perspective de médiation, du point de vue de la recherche de tels +artefacts numériques posent de sérieux problèmes d’obsolescence technique et de conservation, mais également d’interprétation. Dans le cadre du projet de recherche que +nous menons, il convient d’inscrire cette démarche dans un cadre méthodologique bien fondé pour permettre la réutilisation des données (pérennité et interopérabilité) et pouvoir +tenir compte des problèmes posés par la nature de la documentation historique disponible (lacunes, incertitudes). +La production de modèles 3D pose en effet des difficultés eu égard à la documentation des incertitudes ou des processus d’établissement de la connaissance historique. Dans ce +domaine, les archéologues ont développé plusieurs méthodologies et des réflexions qui peuvent s’avérer utiles concernant les enjeux de la modélisation et leur valeur de preuve, +par exemple dans le domaine des anastyloses numériques. + +Du modèle documentaire à la visualisation + +À l’instar de l’archéologie, l’étude des expositions peut tirer profit des logiques spatiales ou tridimensionnelles afin de formuler des hypothèses ou proposer des reconstitutions à partir +d’une documentation lacunaire. Toutefois, les sources pour traiter des accrochages d’exposition d’art sont de nature sensiblement différentes de celles utilisées dans le +domaine architectural et archéologique. En effet, les sources archivistiques ou visuelles occupent une place plus importante dans la reconstitution d’accrochages. Surtout, le +domaine muséologique ne permet pas de convoquer des logiques constructives qui sont souvent déterminantes pour guider la reconstitution et qui justifient, pour l’essentiel, le +recours à des logiciels de dessin architectural en trois dimensions. Un outil destiné à faciliter la reconstitution d’accrochage d’expositions d’art doit +accompagner l’ensemble des opérations de recherche, depuis la collecte de l’information historique, la formulation des hypothèses et la génération de reconstitutions 3D à partir de +ces informations. Une des pistes de solution que nous envisageons s’appuie sur la création d’un modèle documentaire indépendant de toute technologie de visualisation a priori, afin +de garantir la pérennité et la conservation à long terme des données enregistrées et de ménager des réutilisations possibles dans différents contextes numériques. +Un outil proposant une interface graphique ergonomique et de prise en main aisée serait destiné à l’enregistrement des informations historiques sur les accrochages de collections +en utilisant ce modèle documentaire par des historiens de l’art sans compétence technique particulière. Cet outil est notamment destiné à faciliter : la création ou l’importation +automatisée de listes d’œuvres (format CSV), l’enregistrement ou la définition de la géométrie d’un espace expographique (filaire 3D), et la localisation des œuvres dans cet +espace d’exposition. Grâce au modèle documentaire mobilisé, cette information pourrait être qualifiée par niveau de preuve et sourcée. +Les fonctionnalités offertes par l’application doivent reposer sur l’exploitation d’une approche spatiale et l’utilisation des techniques de modélisation pour faciliter la +reconstitution des accrochages. Elle permet notamment d’accompagner la formulation d’hypothèses (dimension heuristique) mais aussi d’enregistrer des interprétations +(dimension herméneutique). Le système exploite le fait que les données spatiales sont numérisées pour notamment proposer des reconstitutions calculées (approches +computationnelles et algorithmiques) basées sur l’analyse des contraintes spatiales des lieux d’exposition et des informations sur les œuvres exposées (dimensions, poids, +éclairage). L’outil permettrait de générer des visualisations tridimensionnelles à partir des données enregistrées. Plusieurs moteurs de rendus sont implémentés : pour la création d’un espace +parcourable en trois dimension dans l’interface d’un navigateur web, pour la création d’un espace praticable en réalité augmentée ou en réalité virtuelle, ou encore pour l’impression +de maquettes 3D. Ces restitutions ayant surtout à cette étape du projet une vocation de recherche, elles n’ont pas besoin d’être réalistes. + +L’ontologie display + +Le modèle documentaire sur lequel doit reposer cette application consiste en une ontologie informatique destinée à décrire de manière explicite et formelle les traits d’un +accrochage ou d’une exposition (proximité et contiguité des œuvres, vis-à-vis, etc.). Ce modèle abstrait permet l’enregistrement de l’information historique concernant les +accrochages et propose des solutions pour rendre compte de l’incertitude et des lacunes documentaires. Dans une première phase du projet, nous avons donc mis au point une +première version d’une ontologie OWL spécialisée pour la documentation des expositions sur laquelle se concentre cette présentation (https://github.com/ouvroir/display-ontology et +https://ouvroir.umontreal.ca/display-ontology/). Compte tenu de sa prévalence dans le domaine patrimonial et culturel, cette ontologie devrait être compatible avec l’ontologie CIDOC-CRM promue par le groupe de +documentation de l’organisation internationale des musées (ICOM). Toutefois, nous avons privilégié l’adoption d’une modélisation centrée sur les relations spatiales plutôt que +l’orientation événement adoptée par CIDOC. L’extension CRMarchaeo pouvait plus facilement conserver cette modélisation dès lors que les couches stratigraphiques et +géologiques correspondent directement à des phénomènes temporels. Notre ontologie repose notamment sur la création d’une classe display:exhibit avec des sous-classes pour les éléments constitutifs de la présentation muséologique et les artefacts +qui peuvent faire l’objet d’une documentation avec CIDOC. L’ontologie fait directement appel à l’ontologie architecturale Building Topology ontology BOT à laquelle elle se lie de +plusieurs manières. Un travail particulier a été mené sur les relations topologiques destiné à pouvoir tirer au maximum parti des inférences. La première version de cette ontologie publiée avec Protégé et WebOWL a été mise à +l’épreuve avec une étude de cas de l’exposition Feux Pâles de Philippe Thomas au CAPC de Bordeaux en 1990. https://github.com/ouvroir/display-ontology + +Bibliographie +- Abadie, Nathalie, et Ghislain Atemezing. « Ontologie des primitives géométriques ». +Spécification. Institut national de l’information géographique et forestière, 12 février +2019. http://data.ign.fr/def/geometrie. +- Altshuler, Bruce, éd. Biennials and beyond: Exhibitions That Made Art History ; 1962 +- 2002. Exhibitions That Made Art History, conceived and ed. by Phaidon editors and +Bruce Altshuler ; [Vol. 2]. London: Phaidon Press, 2013. +- Biella, Daniel, et Wolfram Luther. « A Parameterizable Framework for Replicated +Experiments in Virtual 3D Environments ». In Web Information Systems and +Technologies, édité par José Cordeiro, Slimane Hammoudi, et Joaquim Filipe, +18:361‑74. Berlin, Heidelberg: Springer Berlin Heidelberg, 2009. +doi:10.1007/978-3-642-01344-7_27. +- Biella, Daniel, Wolfram Luther, et Nelson Baloian. « Beyond the ARCO standard ». In +2010 16th International Conference on Virtual Systems and Multimedia, 184‑91. +Seoul, Korea (South): IEEE, 2010. doi:10.1109/VSMM.2010.5665985. +- Biella, Daniel, Wolfram Luther, et Nelson Baloian. « Virtual Museum Exhibition +Designer Using Enhanced ARCO Standard ». In 2010 XXIX International Conference +of the Chilean Computer Science Society, 226‑35. Antofagasta, Chile: IEEE, 2010. +doi:10.1109/SCCC.2010.11. +- Bruseker, G., A. Guillem, et N. Carboni. « Semantically Documenting Virtual +Reconstruction: Building a Path to Knowledge Provenance ». ISPRS Annals of the +Photogrammetry, Remote Sensing and Spatial Information SciencesII-5-W3 (11 août +2015): 33‑40. doi:10.5194/isprsannals-II-5-W3-33-2015. +- Bruseker, George, Nicola Carboni, et Anaïs Guillem. « Cultural Heritage Data +Management: The Role of Formal Ontology and CIDOC CRM ». In Heritage and +Archaeology in the Digital Age: Acquisition, Curation, and Dissemination of Spatial +Cultural Heritage Data, édité par Matthew L. Vincent, Víctor Manuel +López-Menchero Bendicho, Marinos Ioannides, et Thomas E. Levy, 93‑131. +Quantitative Methods in the Humanities and Social Sciences. Cham: Springer +International Publishing, 2017. doi:10.1007/978-3-319-65370-9_6. +- Carboni, Nicola, Thibault Usel, et Béatrice Joyeux-Prunel. « Intégrer des données +historiques spatio-temporelles », 2023. https://hal.science/hal-04110759. +- Costin, Aaron, et Pieter Pauwels. « Building Information Modeling and Ontologies: +Overview of Shared Representations ». In Research Companion to Building +Information Modeling, 12‑34. Edward Elgar Publishing, 2022. +https://www.elgaronline.com/display/edcoll/9781839105517/9781839105517.00010.x +ml. +- Davallon, Jean. « Le pouvoir sémiotique de l’espace ». Hermes, La Revue 61, no 3 +(2011): 38‑44. +- ———. L’exposition à l’oeuvre: stratégies de communication et médiation +symbolique. Communication et civilisation. Paris: L’Harmattan, 1999. +- Mar Roldán García, Maria del, Martin Jerónimo Salvachúa, María Luisa Díez Platas, et +Nuria Rodriguez Ortega. « OntoExhibit ». Consulté le 8 décembre 2023. +https://complexhibit-project.github.io/OntoExhibit/index-en.html. +- Doerr, Martin, Achille Felicetti, Sorin Hermon, Gerald Hiebel, Athina Kritsotaki, Anja +Masur, Paola Ronzino, et al. « Definition of the CRMarchaeo: An Extension of CIDOC +CRM to Support the Archaeological Excavation Process », février 2020. +https://cidoc-crm.org/crmarchaeo/fm_releases. +- Guillem, Anaïs, Antoine Gros, Kevin Reby, Violette Abergel, et Livio DeLuca. « RCC8 +for CIDOC CRM: Semantic Modeling of Mereological and Topological Spatial +Relations in Notre-Dame de Paris ». In SWODCH 2023, édité par Antonis Bikakis, +Roberta Ferrario, Stéphane Jean, Béatrice Markhoff, Alessandro Mosca, et Marianna +Nicolosi Asmundo. Athens, Greece, November 7, 2023., 2023. +https://ceur-ws.org/Vol-3540/paper2.pdf. +- ICOM CIDOC. « Exhibition and Performance Documentation ». Consulté le 21 +décembre 2021. +https://cidoc.mini.icom.museum/working-groups/exhibition-and-performance-docum +entation/. +- Rasmussen, Mads Holten, Maxime Lefrançois, Georg Ferdinand Schneider, et Pieter +Pauwels. « BOT: The building topology ontology of the W3C linked building data +group ». Édité par Krzysztof Janowicz. Semantic Web 12, no 1 (19 novembre 2020): +143‑61. doi:10.3233/SW-200385. +- Sacher, Daniel, Benjamin Weyers, Daniel Biella, et Wolfram Luther. « Smart Museums +– Exploiting Generative Virtual Museums ». In Ubiquitous Computing and Ambient +Intelligence. Personalisation and User Adapted Services, édité par Ramón Hervás, +Sungyoung Lee, Chris Nugent, et José Bravo, 384‑87. Lecture Notes in Computer +Science. Springer International Publishing, 2014. +- ———. « Towards an Evaluation of a Metadata Standard for Generative Virtual +Museums ». In Ubiquitous Computing and Ambient Intelligence. 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